Il y a de multiples manières de vivre radicalement en chrétien. La vie religieuse dans sa forme dominicaine est un mode de vie qui met la fraternité en son cœur pour avancer dans la foi. Vivre en frère pour progresser dans la connaissance de Dieu et dans la connaissance de soi, pour se rendre plus disponible à l’Esprit et aux besoins du monde. La fraternité non pas comme utopie mais comme le lieu fondateur pour donner le meilleur de nous-mêmes. Le monde a besoin de la fraternité. Et vous ?
La vie communautaire
L’option de la fraternité se traduit par la vie commune, le quotidien partagé avec ses joies, ses difficultés et sa banalité. La vie avec d’autres exige que chacun s’y implique : on ne peut pas simplement en être spectateur. Cette implication se traduira par des services rendus à chacun des frères et aussi une disponibilité pour les services de l’Ordre et de la Province. Ces services concernent tant la vie quotidienne et matérielle, que le soutien moral et la solidarité dans les joies et les peines.
Le dialogue est fondateur pour la vie communautaire. Chacun est invité à échanger avec les autres, à confronter ses points de vue, à chercher avec l’autre l’accès à la vérité. Dialoguer exige bien évidemment l’écoute et le respect du point de vue de l’autre.
La vie communautaire requiert un vrai souci de l’autre tant de ses besoins que de ses questionnements, de ses soucis et de ses recherches. L’intérêt pour l’autre et son point de vue est une des caractéristiques de l’Ordre dominicain.
La vie communautaire est exigeante car elle décentre de soi. Elle est bienveillance a priori pour les frères. Elle passe par le partage des biens. Habiter ainsi une même demeure est la première prédication des frères.
S’aimer avec ses différences
Les frères dominicains ont choisi de vivre en frères dans des couvents de tailles diverses (de 3 à 60 frères en France). Ce choix amène à vivre avec des hommes d’âges et de cultures différentes, avec des points de vue différents sur le monde, l’Église et la théologie.
Les différences s’expriment à travers le dialogue, le débat. Cela peut parfois conduire à des divergences profondes. Et, cependant, c’est avec tout cela qu’il faut cheminer ensemble. Nos options différentes ne doivent pas nous empêcher de vivre la fraternité, de nous faire confiance. C’est un défi exigeant et beau, pas toujours facile à relever.
La mise en commun des biens Dans les Actes des apôtres, pour manifester la force de la Résurrection, les premiers disciples mettaient tout en commun. Par là, ils voulaient signifier qu’avec le Christ tout pouvait changer dans leur vie. C’est ce que nous voulons vivre dans chacune de nos communautés.
La mise en commun des biens, le choix de ne pas vouloir posséder pour soi, sont des manières de manifester notre confiance en Dieu et dans les frères pour notre vie quotidienne.
Cette mise en commun est le lieu où la fraternité ne peut pas se payer de mots et où les besoins de chacun interrogent tous. Cette gestion est exigeante et rencontre des résistances spontanées. C’est donc un domaine de conversion auquel nous appellent nos vœux et notre fraternité.
Chaque frère donne à sa communauté tous les revenus qu’il reçoit de son activité et tous ses biens. La communauté subvient à ses besoins en l’aidant à discerner ce qui est essentiel pour son chemin spirituel.
La prière communautaire
Les dominicains vivent ensemble et souhaitent prier ensemble. Cette prière est celle du chœur ; elle est chantée en lien avec l’Église universelle. La prière chantée et la liturgie ont une grande place dans notre tradition. Donner du temps ensemble pour Dieu constitue une attitude fondamentale de nos communautés. Cette prière trouve dans l’Eucharistie sa plénitude.
La prière est aussi personnelle. Chaque frère est invité à lire la Bible de manière continue et à méditer la parole de Dieu. Fidèles à saint Dominique, les frères aiment prier pour le monde et ceux qu’ils rencontrent. Un temps d’oraison commun est proposé par nos constitutions.
Enfin, chacun est invité à donner du temps pour une oraison contemplative où il s’agit de « laisser Dieu être Dieu en nous » et écouter le Seigneur dans le silence.
La dimension internationale de la fraternité
L’Ordre dominicain est international. Chaque frère a à cœur de partager la Bonne Nouvelle avec tous les hommes et toutes les femmes du monde.
Chaque province, pour favoriser ce désir et le rendre opérationnel, peut se voir attribuée, en dehors de son territoire propre, des lieux privilégiés pour agir, appelés des vicariats. La Province dominicaine de France a ainsi quatre lieux : le Monde arabe (Algérie, Égypte, Irak), la Dacie (Suède, Norvège, Finlande), l’Afrique équatoriale (Cameroun, Centrafrique et Congo) et les Pays baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie). Dans ces quatre lieux, des frères cherchent à construire la fraternité évangélique et à prêcher la Bonne Nouvelle.
Dans ces vicariats vivent des frères de la Province, originaires soit de la région, soit de France. Ils tentent de vivre ensemble la force de l’Évangile qui pousse au dialogue inter-culturel et à contribuer, selon les compétences de chacun, à l’évangélisation. L’objectif est de fonder, dans ces pays, des entités autonomes.
Les communautés qui sont en France reçoivent aussi des frères venant de différents pays où la Province est engagée, soit pour collaborer à la prédication en France, soit pour des études spécialisées. L’internationalité est une caractéristique de la Province de France et une chance pour elle.